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L'adolescence, entre rêve et action

François LADAME

Article paru dans la Revue française de psychanalyse, T. 55, 6, 1991. Il fait suite au rapport présenté par l'auteur au Congrès des Psychanalystes de langue Française.


Synopsis

Dans le chapitre VII de L'interprétation des rêves, Freud postule deux voies possibles pour le processus d'excitation, l'une progressive ou directe, vers le pôle moteur de l'appareil psychique, l'autre régressive ou rétrograde, vers son pôle sensoriel.
La voie directe implique une activité motrice. Celle-ci peut se manifester sous la forme d'une action ou sous la forme d'une décharge (« Formulations sur les deux principes... » [1]). Je rapporte action et décharge motrice à des modèles, qui seraient l'orgasme pour l'une, l'inceste pour l'autre.
L'action, dans la définition de Freud, est corrélative de l'établissement de fonctions ou notions aussi complexes que jugement (pensée) et épreuve de réalité (distinction entre réel et non réel), action d'essai, modification du monde extérieur, dépassement de l'auto-érotisme...
La voie rétrograde est seule à même d'expliquer le caractère hallucinatoire du rêve et l'hallucination (même si elle n'explique pas le phénomène dans son ensemble). La liaison est l'une des grandes fonctions dévolues au rêve. Par analogie avec le schéma qui précède, je situe l'adolescence à un même carrefour, entre rêve et action.
L'analogie porte sur le pulsionnel dont le destin se trouve ainsi diffracté vers deux pôles, et par là même tempéré. L'action échappe, par principe, à l'emprise de l'autodestruction, contrairement à la décharge motrice de l'acte compulsif ou symptomatique. Quant aux pulsions stimulées dans le rêve, elles restent inoffensives, incapables qu'elles sont de mobiliser l'appareil moteur.
Après avoir passé en revue les principales transformations psychiques de l'adolescence, je discute la place spécifique du rêve et de l'action dans ce processus. J'évoque ensuite les dérapages possibles (la Gradiva de Jensen constitue un exemple illustratif), aux limites de la pathologie établie qui marque, elle, l'entrée dans la compulsion de répétition.

[1] Freud S., Formulations on the two principles of mental functioning (1911), SE, 12, 218-226 ; trad. franc. Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques, in Résultats, idées, problèmes 1, Paris, PUF, 1984, 135-143.

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