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La parole à l'écoute

Figures de l'écoute en séance et conséquences techniques

Maurice KHOURY


Résumé - L’attention dite “flottante” et qui donne la mesure de l’association libre en séance a permis de spécifier une attitude et une disposition du psychanalyste sans lesquelles les processus inconscients ne peuvent advenir et se subjectiver. Si l’attention de l’analyste est « suspendue » et le raisonnement « en attente », une décomposition de ce qui est entendu en séance peut être possible et montre les différents niveaux d’écoute que pourrait susciter un discours. Une pensée énoncée peut être prise au mot, comme elle peut symboliser, tromper, éloigner de l’essentiel ou susciter un affect chez l’analyste dans une redondance qui n’a d’autre but que de répéter le traumatisme pour mieux le cerner.
C’est bien à cette écoute spécifique qu’il revient de donner corps à des processus inconscients « autrement inaccessibles ».

(Conférence prononcée le 5 mai 2011 dans le cadre des conférences de l'Association Libanaise pour le Développement de la Psychanalyse).

Je souhaite soumettre à la réflexion les différentes façons par lesquelles la parole énoncée peut être entendue dans la séance analytique, et comment la manière par laquelle elle va être entendue peut infléchir et orienter les mouvements psychiques, voire tout le processus analytique. Par ailleurs, l’écoute de la parole étant la piste majeure de l’écoute analytique, je m’étendrai aussi à l’écoute en séance, au-delà de la parole.

En psychanalyse, chaque règle technique, ou presque, peut être considérée en elle-même comme règle fondamentale (cadre, interprétation…). Si la première règle fondamentale demeure celle de l’association libre, son pendant, l’écoute de l’association libre de la part de l’analyste serait une règle encore plus fondamentale : car que devient la parole de l’association libre si son écoute n’est pas au moins aussi spécifique que l’association elle-même (on peut associer à l’infini et le destin de l’association peut demeurer lettre morte si l’écoute analytique ne vient pas lui donner sens ou la situer dans le processus) ?

Je vous fais d’emblée part des questions que je me suis posées avant de tenter d’y répondre pendant cette conférence.

Le titre est un peu équivoque. La parole à l’écoute ; est-ce la parole qui écoute ou est-elle soumise à l’écoute ? La parole a-t-elle en elle-même sa part d’écoute ?
Traditionnellement, la parole énonce. Mais est-ce que la parole, quand elle est énoncée, n’a-t-elle pas déjà été à l’écoute de ce qu’elle dit ?
La parole, quand elle est dite et quand elle suit la règle de libre association, est-elle énoncée par hasard, comme un produit incarné du déroulement des processus primaires qui proviennent de l’inconscient ou serait-elle déjà entendue en même temps qu’elle est énoncée ?
Un analysant qui vous dit par exemple : « J’ai tout fait à la place des autres… je me pliais en quatre pour servir autrui ; j’ai tout fait alors qu’on ne m’a jamais rien demandé. J’ai tout fait et là je suis dans un état d’inertie totale… Je ne fais plus rien. »
Il n’a pas dit : « J’ai servi les autres toute ma vie ; j’anticipais leur désir et puis, là, je suis dans un état d’inertie… » Il a dit : « j’ai tout fait. » (verbe « faire » mais aussi, « étouffer », respirer difficilement).
Le fait qu’il utilise un mot à la place d’un autre est déjà la preuve d’une écoute rudimentaire faite avant que la parole ne soit déposée dans l’espace analytique – ce qui pose la question controversée d’un inconscient structuré, ou d’un inconscient fonctionnant en énergie libre. Je développerai cette idée dans la dernière partie de cet exposé.

Donc 1ère interrogation : un rudiment de structure existe-t-il dans l’Inconscient avant toute élaboration secondaire ultérieure ?

2ème interrogation qui découle de la première : Si la parole est déjà entendue en même temps qu’elle est énoncé, quelle serait alors la fonction de l’analyste et comment son écoute va-t-elle faciliter le déploiement des processus psychiques ? J’y reviendrai. Mais commençons par le commencement.

Tout d’abord, on ne retrouve pas dans les dictionnaires de psychanalyse une définition de l’écoute analytique, sinon, tangentiellement. En revanche, on retrouve des définitions de l’attention flottante (ou Attention également flottante), expression apparemment paradoxale puisqu’elle combine l’attention qui évoque la vigilance et la concentration d’une part, et l’adjectif flottante qui fait appel à ce qui est incertain, fluctuant, fuyant. Voyons comment Freud se débrouille avec ce concept technique complexe qu’il a lui-même forgé.

Dans son article de 1912, Conseils aux médecins, il commence par évoquer la question de la mémoire de l’analyste (noms, dates, productions pathologiques), porté à retenir le matériel que lui apporte le patient pendant plusieurs années. Il continue en disant qu’une « technique qui permet de disposer de matériaux aussi abondants ne peut manquer de provoquer la curiosité et de laisser supposer qu’elle a recours à certains aide-mémoire particuliers ».

Pourtant, cette technique est simple, dit-il. Proscrivant tout moyen subsidiaire, même celui de la prise de notes, Freud soutient que « nous ne devons attacher d’importance particulière à rien de ce que nous entendons et il convient que nous prêtions à tout la même attention “flottante”, suivant la description qu'[il a] adoptée ». En fixant son attention sur des points précis du discours et en « conformant son choix à son expectative, l’on court le risque de ne trouver que ce que l’on savait d’avance. En obéissant à ses propres inclinations, le praticien falsifie tout ce qui lui est offert. N’oublions jamais que la signification des choses entendues ne se révèle souvent que plus tard ». Les énoncés apparemment futiles en apparence ne prennent donc sens que dans un après-coup.

Dans ce même texte, Freud place l’écoute psychanalytique en contrepartie de la règle fondamentale du côté du patient. Il dit : « Voici comment doit s’énoncer la règle imposée au médecin : éviter de laisser s’exercer sur sa faculté d’observation quelque influence que ce soit et se fier entièrement à sa “mémoire inconsciente” ou, en langage technique simple, écouter sans se préoccuper de savoir si l’on va retenir quelque chose. » Nous constatons ici un glissement de l’attention vers l’écoute.

Ce qui me semble intéressant à relever dans Conseils…, c’est que nous devinons comment l’analyste s’abandonne à une écoute flottante, par défaut. Ce qui veut dire que Freud conseille dans l’écoute d’un analyste ce qu’il faut éviter plutôt que ce qu’il faut réaliser : éviter de prendre des notes, ne pas attacher d’importance particulière à ce qui est entendu, ne pas fixer son attention sur des points précis, ne pas se conformer à ses propres expectatives, ne pas obéir à ses inclinations, ni se préoccuper de savoir si l’on va retenir quelque chose. Il va donc tout droit à ce qui peut gêner l’écoute analytique et moins à ce qui peut la favoriser dans une technique plus active ; son souci majeur étant d’avertir quant aux obstacles plutôt qu’à proposer des lignes de conduite que l’analyste risque d’ériger en règle. Une seule chose est proposée dans le sens « positif » du terme : se fier à sa “mémoire inconsciente” et j’ajouterais : « écouter tangentiellement » ou « écouter à côté et se laisser surprendre ».

Marie-France Dispaux, dans une récente conférence, parle de l’écoute analytique comme d’une écoute particulière soutenue par les paramètres suivants : attention également flottante, silence, régression formelle1, passivité-réceptivité, mémoire de l’analyste, sur un « fond de neutralité bienveillante », sans oublier la place de la théorie ; cet ensemble forme un tout qui organise la position interne de l’analyste.


CONSÉQUENCES DES DÉVELOPPEMENTS DE FREUD SUR L’ÉCOUTE À PARTIR DE L’EXPÉRIENCE ANALYTIQUE

Il m’a semblé intéressant de regrouper les différentes façons d’écouter chez l’analyste, après une centaine d’année du premier texte de Freud sur le sujet :

- Certains analystes prennent les mots entendus et cherchent ce qu’ils symbolisent ; ex. le requin symbolise l’agressivité, les profondeurs sous-marines d’un maternel dévorant, effroyable. Une automobile, un symbole phallique, une motion libidinale, etc.

- D’autres adhèrent au mot ou prennent les expressions à la lettre et les décomposent ou les condensent dans leur consonance acoustique ; ex. « j’ai tout fait » pour « étouffer ».

- D’autres encore prennent l’énoncé pour un leurre, une tromperie, en écoutant ce qui le précède, ce qui lui succède, ou ce qu’il ne dit pas – c’est une tendance plus structurale dans l’écoute (Freud en parle dans Constructions dans l’analyse ; il y évoque l’importance de la suite des associations à une construction donnée). Ex. de l’analysant qui ne parle que de son père, pour éviter de parler de sa mère. Si vous écoutez seulement ce qu’il vous dit de son père, vous passez à côté de quelque chose d’essentiel.

- D’autres analystes et avec certains analysants, prennent le discours pour une tirade intellectuelle qui tourne autour de l’essentiel ; ex. des personnalités à structure obsessionnelle qui ruminent une idée, l’analysent en long et en large dans une sorte de circularité teintée de plaisir inconscient extrême.

- D’autres aussi, et en écoutant certaines structures à la limite de l’analysable – borderline ou dépressions majeures – prennent le discours en le mettant en veilleuse et en écoutant la résonance contre-transférentielle qu’il induit chez l’analyste. Ex. d’un dépressif qui par son auto-dépréciation, sa tristesse excessive et ses plaintes redondantes peut induire chez l’analyste un sentiment de désolation, de découragement et d’impuissance : « Même mon dentiste ne pourra rien pour moi », me disait un patient. Ici, ce n’est pas seulement le discours qui est à entendre, mais le sentiment d’impuissance qui s’était emparé de moi pour un temps pendant l’analyse ; sentiment que j’ai repris dans une interprétation du style : « … peut-être avez-vous eu le sentiment que, tout comme votre dentiste, je ne pourrai rien pour vous après tout ce temps. »

Dans ces exemples d'écoute, le seul guide reste l’analysant. C’est vrai que chacun de ces paradigmes a été développé par des Écoles de pensée différentes de par leur théorisation de la technique mais l’analyste devrait être en mesure d’avoir des strates d’écoute, une multiplicité de fonctionnements psychiques dont chacun sera stimulé selon la structure de l’analysant. Là, ce qu’apporte Freud en parlant de l’écoute d’inconscient à inconscient devient plus compréhensible quand il dit que l’analyste doit « s’abandonner lui-même dans un état d’attention en égal suspens à sa propre activité inconsciente, éviter le plus possible la réflexion, ne rien fixer de façon particulière dans sa mémoire pour capter l’inconscient du patient avec son propre inconscient » (Conseils aux médecins, 1912).
Essayons d’aller plus loin dans l’écoute du discours, précisément de la parole, des mots proférés.


RE-CENTRALIER LA PLACE DE LA PAROLE PAR L’ÉCOUTE

Nous devons à J. Lacan le mérite de re-centraliser la place de la parole dans la cure, avec ce que cette parole a de plus subversif ; il devait insister d’emblée sur le fait que la cure psychanalytique est avant tout une expérience de discours, de parole. Qu’est ce que cela pourrait bien vouloir dire ? Car pour Freud aussi la psychanalyse est une expérience de parole, comme il l’avance dès 1890 dans son article « Traitement psychique » même s’il l’utilise dans le sens de la suggestion : « À présent, nous commençons également à comprendre la "magie" du mot. Les mots sont bien les instruments les plus importants de l’influence qu’une personne cherche à exercer sur une autre ; les mots sont de bons moyens pour provoquer des modifications psychiques chez celui à qui ils s’adressent… »

Déjà pour Freud et quelques années plus tard avec Emmy Von N. et l’association libre, cette magie du mot ne sera plus utilisée à des fins de suggestion ; mais avec Lacan, nous constatons une inversion révolutionnaire de sa fonction : c’est le mot lui-même avec la chaîne langagière qui vont influencer et prédéterminer l’homme. Pour lui, « c’est le monde des mots qui crée le monde des choses » (…). Et si l’homme parle, « c’est parce que le symbole l’a fait homme. » (Écrits, 1966) L’être humain, pris dans ce bain de langage va essayer, tant bien que mal et sa vie durant, de s’y extraire en passant à la parole, sa propre parole de sujet. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans une cure analytique.

Pour Lacan et dans la cure, les mots constituants de l’enfance vont être restitués à l’analysant par l’écoute qui les reçoit (même si c’est une écoute silencieuse) ; parce que les mots constituent déjà un premier niveau de réponse à l’instant où ils sont proférés ; et ce que dirait l’analyste va s’inscrire comme don de parole plutôt que comme parole qui traduit quelque chose de l’inconscient du sujet (Lacan). Alors que pour Freud, l’écoute de l’analyste et son activité interprétative – sa manière d’écouter et de restituer – constituent l’assise principale de l’acte analytique.
Je vous cite ici une phrase de Lacan qui me semble très évocatrice de ce que je viens de décrire :
« Même s’il ne communique rien, le discours représente l’existence de la communication ; même s’il nie l’évidence, il affirme que la parole constitue la vérité ; même s’il est destiné à tromper, il spécule sur la foi dans le témoignage. » 2


SPÉCIFICITÉ DE L’ÉCOUTE PSYCHANALYTIQUE

Pendant une certaine période de l’évolution du mouvement psychanalytique, ce qui était d’usage quand un analyste écoutait un patient, c’était de sortir de la parole énoncée pour saisir ce qui existe en dehors d’elle et qu’elle ne fait que traduire. Nous pensons ici à la traduction comme herméneutique et à un aspect du modèle du rêve de Freud de 1900, qui est un modèle participant d’une clé de songes préétablie avec un symbolisme presque universel. D’ailleurs G. Diatkine rappelle dans l’un de ses articles l’esprit de l’interprétation des rêves qui poussait l’analyste « à montrer au patient qu’il est détenteur d’un savoir déjà constitué sur son inconscient. » 3 Dans une note en bas de page, Diatkine rappelle qu’en 1910, au Congrès de Nuremberg, Freud annonce la création d’un « Comité de recherches sur le symbolisme » qui publiera régulièrement de nouvelles traductions de symboles.

Peu d’analystes songeaient à rester dans cette parole pour écouter ce qu’elle signifiait quant à celui qui parlait – et pour qui il le disait – sans renvoi systématique à un sens en rapport avec un savoir pré-établi. Ils restaient donc dans une sorte de savoir théorique pré-construit où l’univocité du sens entre une parole, un mot et ce qu’il signifie, n’est pas suffisamment incluse dans l’ordre du discours tout entier. On ne prenait donc pas suffisamment en considération que la relation entre signifiant et signifié est tout entière incluse dans l’ordre du langage lui-même qui en conditionne intégralement les deux termes. En termes freudiens, on peut invoquer ici sa conceptualisation de l’après-coup dans laquelle les événements se renvoient l’un à l’autre pour faire sens.

Je donne d’emblée deux brefs exemples issus de la clinique, exemples qui tentent de montrer comment le fait d’adhérer à certains mots du discours du patient nous permet de les remettre dans leur contexte symbolique.

SITUATION CLINIQUE 1 :

Un analysant, en train d’associer, se sent à un moment de la séance encombré par un trop plein explicatif des enchaînements de sa pensée ; il dit :
- J’en ai marre… ça m’énerve de parler… parce que pour formuler une idée, je vais beaucoup trop loin… Je retourne à Adam et Eve !
- L’origine…
- Tiens, je me rends de plus en plus compte de l’intérêt que je porte pour la partie historique de la thèse que je prépare…

À partir de ce moment, un retour est opéré au fantasme originaire de la scène primitive, fantasme qui commençait à avoir plus d’importance pour lui à cette période de la cure.
Je voudrais simplement attirer l’attention sur les deux manières d’écouter le discours de cet analysant ; en particulier, quand il dit : « … pour formuler une idée, je vais trop loin… Je retourne à Adam et Eve ! »

Modèle 1 : Si on écoute avec le modèle de la science des rêves, on se dirait : Adam et Eve symbolise le « trop loin » dans le temps ou le « trop loin de l’essentiel ». Ce qu’il veut dire, c’est qu’il va loin dans ses associations, qu’il tourne autour du pot, qu’il fait une excursion autour de l’essentiel : métaphoriquement, Adam et Eve voudrait dire « aller loin dans le passé ». Et là nous serions dans la manière d’écouter de ce qu’on appelle « l’analyse des résistances » : il résiste à… il se défend contre quelque chose de plus profond…
Modèle 2 : Si on écoute en adhérant plus à la parole, avec un recentrage sur le discours, on se dirait : il y est, on y est : il se ramène à Adam et Eve, qui sont les parents premiers de la scène primitive ; il ne tourne autour de rien et ne se défend contre rien ; ce qui donne suite à ses enchaînements associatif sur la scène primitive, autrement que si j’avais entendu son discours par le biais du modèle 1.

SITUATION CLINIQUE 2 :

Il s’agit d’un patient dépressif qui, malgré une longue période d’apparente « réaction thérapeutique négative », s’attache à l’analyse, conscient du cycle répétitif de ses améliorations et de ses rechutes. Exaspéré, il est dans une situation d’abattement, où « il en a marre de prendre des coups », donc « désinvestit ses relations pour ne pas être déçu », « à l’image d’un enfant qui court et tombe en se blessant le genou… » « Je ne veux plus courir pour éviter de me blesser. »
Je prends à la lettre sa parole et lui dis : « Prendre des coups… tomber et vous blesser ; vous avez souvent évoqué vos chutes effectives et répétées quand vous étiez enfant… »
Il enchaîne en disant que c’est ce qu’on lui raconte et qu’il ne s’en rappelle pas. Après un silence, il se souvient d’une chute où il s’était amoché le visage en dégringolant le long d’une pente devant la maison avant d’aller à l’école avec ses frères pendant que son père leur demandait de se presser : « Mon père n’a même pas fait attention ; on m’avait soigné à l’infirmerie du lycée… Il n’était jamais là. »
Nous voyons bien les associations qui mènent à un père qui souvent ne le voyait pas dans ses chutes, alors que, apparemment, il chutait pour lui, et acceptait de recevoir des coups pour lui.
Donc, même chose pour la manière de prendre ce que cet analysant dit en adhérant à la parole. Si j’avais pris « l’enfant qui court et tombe en se blessant le genou…» comme une image, une métaphore du style, « je n’investis pas pour ne pas être déçu et pour éviter de tomber », il est probable que la représentation du père absent, et sa place absente pour le père, réveillées par la remémoration de cet incident ne seraient pas advenus.


LA QUESTION DES JEUX DE MOTS ET DES HOMOPHONIES

Les jeux de mots peuvent avoir une apparence amusante, signifiante des déterminations inconscientes, voire même fascinante pour l’analyste : ex. patient qui disait « j’ai tout fait », parlant de son sentiment d’échec dans ses réalisations amoureuses, professionnelles. À savoir que c’est un patient dont l’un des symptômes majeurs était un trouble respiratoire, un symptôme d’étouffement.

Je pense que ce genre de constat peut être intéressant, amusant, mais son mérite est simplement de renseigner le patient sur la détermination inconsciente de ses paroles et la manière avec laquelle il se dit et s’écoute à son insu (par exemple quand le patient dit : « Qu’ai-je dit ou d’où cela est-il sorti ? »). Le patient se rend tout simplement compte qu’il a un inconscient et une cuisine interne qui agit en lui (pour reprendre la métaphore gastronomique de A. Ferro).
Car parfois, chez l’analyste, ce genre d’interventions risque de glisser vers une fascination provoquée par le plaisir du sens, fascination narcissique qui s’inscrit graduellement dans un système d’idées clos, dans un savoir qui se referme sur lui-même et qui devient une sorte d’imposture. Piège dans lequel on pourrait tomber si l’on est trop avide de rébus ou de symbolisme.
Concernant le savoir préconçu – ce système d’idée clos qui laisse peu de place à la surprise, à l’inattendu en séance ou à ce qui n’est pas encore advenu –, S. Leclaire, et dans un séminaire de 1969 à l’université de Vincennes, évoque le trou dans le savoir que l’analyste doit pouvoir entretenir. Il parle de certaines cures analytiques où un « même savoir circule et crée peu à peu une petite “société” refermée sur elle-même, semblable à celle que constituent des spécialistes d’une même discipline lorsqu’ils discutent entre eux. » « Lorsqu’un système de savoir existe, dit-il, l’essentiel se trouve exclu. » Mais peut-on accéder à un savoir de classe zéro qui annulerait tous les autres ?

Il illustre son point de vue par une histoire amusante qui est la suivante :

« Un vieux Lord ruiné est obligé de vendre une partie de sa propriété. En désespoir de cause, il se décide à se séparer de ce qui lui tient le plus à cœur : un trou qui se trouve au milieu de la pelouse. Avec le seul serviteur qui lui reste, il prend ce trou et le met dans une camionnette afin d’aller le vendre. Mais la route qui traverse la propriété est mal entretenue et du fait des cahots, le trou tombe de la camionnette. Le Lord s’en apercevant, dit à son serviteur qui conduit de reculer afin de le remettre. La voiture recule jusqu’au trou et tombe dedans. »

On ne peut donc pas vendre un trou, ou se débarrasser d’un trou dans le savoir. À essayer de le faire, il nous rattrape et nous tombons dedans ; le savoir, quand il tend à être bouclé va être rattrapé par un trou dans la clinique : une impasse dans l’analyse, un échec, un passage à l’acte.
À l’opposé, nous ne pouvons accéder à un savoir de classe zéro, un non-savoir ; d’où l’importance d’une certaine dose de savoir théorique (théories implicites), de segments théoriques chez l’analyste (J. Canestri) qui peuvent relancer le processus analytique sur le chemin auparavant pris par l’analysant.


LE CONTRE-TRANSFERT À L'ÉCOUTE ; OUTIL THÉRAPEUTIQUE OU PIÈGE DE L’IMAGINAIRE ?

C’est une écoute qui dépasse l’écoute du discours et qui a le mérite de permettre une compréhension des mouvements psychiques et projectifs de l’analysant dans leur résonnance chez l’analyste, au-delà de ce qu’il dit avec des mots.
Je rappelle brièvement la définition du contre-transfert, qui est un état émotionnel vécu par l’analyste, en réponse au transfert affectif – tendre, sexuel, agressif ou autre – de l’analysant. Le contre-transfert est souvent inconscient ; il a néanmoins une part consciente à laquelle l’analyste doit pouvoir être attentif.

En 1949, dans son article On counter-transference (A propos du contre-transfert), Paula Heimann développe l’idée qui fait de l’analyse du contre-transfert l’instrument de l’interprétation dans la cure (Heimann, 1950) : les affects conscients comme inconscients, suscités chez l’analyste par le transfert du patient, constitueraient un outil de connaissance précieux pour comprendre les mouvements psychiques de ce dernier. Ces affects contre-transférentiels seraient utilisés comme levier pour l’interprétation psychanalytique.

L’écoute de l’analyste, pendant ces moments, devient plus, une écoute de ses propres états mentaux, affectifs et corporels. Par exemple, durant une certaine période de l’analyse, un analyste peut se surprendre entrain de se déconnecter quasi complètement quant son analysant se met à parler, ou à bouger systématiquement pendant que ce dernier lui parle d’une chose bien précise, ou à en être émotionnellement touché.

L’écoute du contre-transfert est certes incontournable ; mais là où ça commence à se gâter, c’est quand elle devient généralisée, au point que la parole du patient devient secondaire. Lacan dénonce l’utilisation abusive du contre-transfert dans son célèbre Discours de Rome 4.
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Ce que Lacan remet en question dans le Discours de Rome, ce sont quelques notions fondamentales à cette époque :
1. La fonction de l’imaginaire, des fantasmes dans la constitution de l’objet aux différents stades du développement psychique – dans la psychanalyse des enfants et les recherches sur les structurations préverbales –, d’où l’importance d’un retour à la valeur symbolique de l’imaginaire (ce qu’il y a autour et dans quel ordre langagier elle s’inscrit).
2. La notion des relations libidinales d’objet – méthodes appliquées aux psychoses, proches d’une phénoménologie existentielle. Là aussi, un retour au pivot technique de la symbolisation s’impose.
3. Le contre-transfert comme phénomène d’aliénation spéculaire banni au profit de ce qui sera ultérieurement épinglé sous l’expression du désir de l’analyste (dix ans plus tard). La question de la formation de l’analyste et le problème de la fin de l’analyse seront ainsi réinterrogés.
4. Dans la technique, l’identification à un savoir engendrerait des résistances de plus en plus difficiles à défaire.

Quant à la position de Freud concernant le contre-transfert et dans ses correspondances, le ton général qu’il prônait est resté celui d’une mise en garde contre l’aspect de glissement vers l’agir, dont ses élèves étaient la proie. Même si en 1912 (Conseils aux médecins), sa thèse s’oriente dans le sens d’un certain brouillage des frontières définissant l’inconscient du patient et celui de l’analyste quand il avait développé ses idées sur l’attention flottante, il n’en est pas moins resté attaché à l’idée d’après laquelle le contre-transfert doit être maîtrisé, ce que l’on donne aux patients ne doit « jamais être affect immédiat, mais toujours affect consciemment accordé… » Il continue en pensant qu’en « certaines circonstances, on peut accorder beaucoup, mais jamais en puisant dans son propre inconscient. Ce serait pour [lui] la formule. Il faut donc à chaque fois reconnaître son contre-transfert et le surmonter. » (Lettre du 20 février 1913 à Binswanger).
Quant à l’essai sur le contre-transfert qu’il devait préparer, il avait écrit à Jung deux ans et demi après l’échange épistolaire à propos de S. Spielrein : « … L’essai sur le “contre-transfert”, qui me semble nécessaire, ne devrait pas être imprimé, mais circuler parmi nous en copies. »5 L’idée de cet « essai nécessaire » comportait visiblement sous la plume de Freud quelque chose de l’ordre de l’embarras et du paradoxe car malgré sa connotation d’essai – à comprendre comme une élaboration théorisante du concept –, il devait rester limité au groupe de ses disciples et collègues. Essayons de comprendre ce malaise.
Dans la même lettre à Jung, et compte tenu d’un échange antérieur avec S. Ferenczi (ce dernier s’était plaint de la « répression du contre-transfert » exigée par Freud, répression qui empêchait un analyste de montrer son amour et de s’engager affectivement dans sa pratique), Freud écrivait : « Puis-je, en digne vieux maître, vous avertir qu’avec cette technique on fait régulièrement un mauvais calcul, qu’il faut bien plutôt rester inaccessible et se borner à recevoir ? » Cette mise en garde montre le désir de Freud d’en rester là et de limiter l’élaboration au niveau de la réflexion intime en groupe. Donc quoique reconnu dans la situation analytique, le contre-transfert – dans sa part agie – serait considéré sous son aspect « accidentel » comme appartenant essentiellement aux analystes peu expérimentés comme il le laissait entendre en parlant de lui-même comme d’un « vieux maître ».
« En digne vieux maître », Freud avait peut-être compris que malgré un projet d’essai sur le contre-transfert, son expérience de « père » de la psychanalyse ne pouvait être contournée dans une situation qui risquait le débordement. Père de sa théorie ? Père de sa découverte ? C’était en tout cas une mise en garde des risques intrinsèques des effets de sa découverte ; le « conseil » lui semblait inévitable et la solution par la théorie et par « l’essai », insuffisante.
Sur un autre plan, l’essai sur le contre-transfert mettait Freud paradoxalement dans l’urgence de théoriser les interrogations et les débordements qui s’imposaient, tout en voulant retenir à l’intérieur du cercle des pionniers – en circulation « parmi eux » – la réflexion sur les excès possibles des analystes de cette première génération. Toujours est-il que ce travail n’ayant eu lieu, il n’a pas empêché les analystes des générations suivantes, inspirés par les travaux de Ferenczi, de s’essayer aux développements que nous connaissons.


L’ÉCOUTE DU DROIT AU SECRET (P. AULAGNIER) 6

L’écoute de la pensée secrète de l’analysant est une forme d’écoute fondamentale qui respecte le droit temporaire au secret chez l’analysant. C’est un autre paradoxe de l’écoute analytique car on se rappelle la réaction célèbre de Freud face à l’homme aux rats (1909) qui a un moment donné d’une séance, lui demandait de lui épargner de dire ce qui lui venait à l’esprit, en lui épargnant les détails du supplice aux rats, voulant ainsi échapper aux impératifs de la règle fondamentale. Freud avait alors répondu qu’il ne pouvait « le dispenser de choses dont il ne dispose pas ».
Comment donc combiner le droit au secret chez l’analysant et la règle fondamentale ? C’est un paradoxe majeur, néanmoins inhérent à la situation analytique et qui ne peut être résolu que par la dialectique parole/silence du patient tout au long de l’analyse.
Quand on pense au droit au secret chez l’analysant, on se dit : mais que fait-on d’autre quand on respecte les détours du discours, la symbolique des mots, les silences, les résistances inconscientes, la temporalité des processus psychiques ; que fait-on d’autre que respecter chez l’analysant ce droit temporaire au secret ?
Piera Aulagnier pose ce paradoxe dans un article remarquable qui s’intitule Le droit au secret : condition pour pouvoir penser. Dans cet article, elle insiste sur la fonction du secret plutôt que sur son contenu, tout en considérant bien sûr l’importance du contenu, surtout dans les névroses. Pour elle, il est rare que l’analyste s’intéresse à la fonction du secret “en soi”. Je reprends ici l’exemple qu’elle donne et ce qu’elle en dit :

« “Pouvoir penser secrètement à un nuage rose” : en première phase du fonctionnement du Je et tout au long de certains moments de son activité, l’essentiel de cet énoncé porte sur l’adverbe et non pas sur le complément d’objet. Faute de le savoir, on affirmera au sujet que le “nuage” est là pour le sein, le “rose” pour la cravate de l’analyste, et le “secrètement” pour exprimer sa résistance ou les tendances autistiques de sa pensée.
La brillance interprétative du contenu manifeste vient masquer la totale ignorance de ce qui se joue sur le fond : ce type d’interprétation, pour peu qu’elle soit appliquée sans discernement et de manière généralisée, ne fait, dans un certain nombre de cas, que répéter une même violence abusive déjà imposée au sujet et prouve qu’on n’a rien compris sur ce que ce dernier souhaitait pouvoir enfin retrouver dans la situation analytique. »

Dans ce même texte, elle évoque la découverte chez l’enfant de sa capacité de mentir, avec un adulte capable de croire l’énoncé mensonger : premier coup décisif, dit-elle, à la croyance en la toute-puissance parentale. Conséquence : le vrai et le faux impliquent la découverte de la différence des sexes, la découverte des limites (“Je te mens, tu ne peux pas rentrer en moi, tu ne peux pas faire effraction en moi”).

Avant de conclure, je termine par une annexe qui relance l’une des interrogations principales du début de cette conférence : L’inconscient est-il structuré comme un langage ? Le début de réponse qui y est apporté ici introduit une différence de taille quant à la manière d’écouter un discours et les conséquences techniques qui en découlent.


L’INCONSCIENT EST-IL STRUCTURÉ COMME UN LANGAGE ?

Lacan aborde cette question dans la deuxième partie du discours de Rome. Mais je me réfère d’abord à une citation de Freud puisée des Études sur l’hystérie (Psychothérapie de l’hystérie) et qui évoque à peu près cette question.

Décrivant le procédé qui viendrait faciliter l’enchaînement des associations qui pourraient mener au souvenir pathogène – et Freud n’est pas dupe en disant que cette technique ne dévoile souvent pas l’idée pathogène mais montre la voie à suivre – il avance : « Tous les résultats de ce procédé donnent l’impression trompeuse qu’il existe, en dehors du conscient des sujets, une intelligence supérieure qui détient et groupe dans un but déterminé d’importants matériaux psychiques. Elle semble avoir trouvé, pour le retour dans le conscient de ceux-ci, un ingénieux arrangement. Mais je suppose que cette seconde intelligence inconsciente n’est qu’apparente. » (Je souligne).

Je crois que le débat sur l’Inconscient structuré est à la mesure de l’ambiguïté des écrits freudiens sur le sujet. Si dans les Études..., il se montre sceptique en parlant d’une intelligence inconsciente seulement apparente et trompeuse, il va, 5 ans plus tard et dans l’interprétation des rêves (Processus primaires et processus secondaires) considérer les processus primaires inconscients, tantôt comme des représentations intenses qui s’écoulent « en bloc », allant d’une représentation à une autre et auxquelles rien ne s’oppose (donc écoulement libre), tantôt comme une série de représentations condensées qui s’opposent à d’autres par leur investissement, leur intensité donnant l’allure d’une structure ; d’ailleurs en parlant de la condensation, Freud donne précisément l’exemple de la phrase en disant que la condensation est comme : « l’italique ou [les] caractères gras d’un mot qui paraît particulièrement important pour la compréhension d’un texte. » Il dit dans ce même chapitre que les processus primaires ont un rapport au temps complètement différent des processus secondaires : « [ils] sont donnés dès le début alors que les processus secondaires se forment peu à peu au cours de la vie. » D’où notre tendance à penser que la structure est corrélative d’un temps et d’un travail de structure qui ne peut se faire sans la contribution d’autres systèmes comme le préconscient-conscient.

À la place de l’Inconscient structuré, je penserais plutôt à un appareil psychique structuré, dans toute la conflictualité et le dynamisme de ses systèmes et de ses instances ; et si l’Inconscient nous parvient structuré, c’est parce que les autres systèmes s’y mettent. S. Viderman écrit : « On ne le trouve structuré comme un langage que parce qu’il ne vient à notre connaissance que par le langage. (…) et parce que le langage le structure. » (Construction de l’espace analytique).

Sans oublier que 25 ans plus tard, et dans son article sur la négation Freud dit bien que la négation (par un patient) d’une représentation est une manière d’affirmer son existence ; donc pas de différence entre le oui et le non, sauf que le non localise le oui et affirme qu’il existe bien. Pour Freud : « … l’on ne rencontre dans l’analyse aucun « non » sortant de l’inconscient, et que la reconnaissance de l’inconscient de la part du moi s’exprime en une formule négative. » Donc pour qu’un effet de structure advienne, il fait qu’une autre instance que l’inconscient s’en charge et non l’inconscient lui-même.

Malgré la thèse freudienne d’une détermination des processus inconscients, je pense que Freud a toujours soutenu l’idée d’un appareil psychique structuré plutôt qu’un inconscient structuré. Dans la 1ère topique, il a parlé de « systèmes » et dans la 2ème, « d’instances ». Cette « intelligence inconsciente [qui] n’est qu’apparente » pour Freud, devient donc pour Lacan « structurée comme un langage ». Plus encore, l’inconscient serait saisi par un ordre symbolique avec une puissance combinatoire, quelque soient le désordre et l’aléatoire qui le compose.


CONCLUSION

L’écoute serait l’un des secrets qui statuent du déroulement d’un travail qui vise des transformations psychiques. Comparée à d’autres types d’écoute, l’écoute psychanalytique fait déjà partie du processus du traitement. Alors que dans d’autres approches, elle fait partie de la saisie des informations en vue de la mise en place du traitement, l’écoute psychanalytique est partie intégrante de la fonction thérapeutique : intervenir ou rester silencieux, attendre ou interpréter, accueillir les différents moments de l’évolution de l’analyse et pouvoir les situer l’un par rapport à l’autre, c’est déjà un aboutissement de l’écoute analytique.
L’énigmatique “attention flottante” de Freud demeure jusque-là la seule attitude d’écoute qui donne la mesure des horizons incommensurables de l’association libre en séance. Malgré sa configuration paradoxale d’attention qui flotte, nous pouvons imaginer successivement, un flottement qui accueille l’inattendu et une attention qui se saisit de cet inattendu pour l’intégrer au mouvement psychique en cours, favorisant une mise en sens qui sera de nouveau en attente… L’inconscient, sensible à cet exercice, pourrait donc se déployer, en quête d’une subjectivation autrement inaccessible.



RÉFÉRENCES

1 La position divan-fauteuil et le silence favorisent les trois types de régression : la régression topique, qui met en contact avec le préconscient et l’inconscient, la régression formelle qui permet le passage vers les modes primitifs de figuration, du registre de la sensation et de l’hallucinatoire et la régression temporelle qui ramène au temps de l’infantile.
2 J. Lacan, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Écrits, Paris, Seuil, 1966.
3 Diatkine G. (2001), Les lacanismes, les analystes français et l’Association psychanalytique internationale. Courants de la psychanalyse contemporaine. Revue française de psychanalyse, numéro Hors série, 389-400.
4 J. Lacan, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Écrits, 1966.
5 Cité dans l’article de R. S. Britton (2003) qui donne la référence suivante : McGuire (1974), p. 475, trad. Française, Correspondance Tome II, p. 237. Britton R. S. (2003), Le contre-transfert érotique – alors et aujourd’hui, Bulletin de la Fédération Européenne de Psychanalyse, 57,109-120
6 Aulagnier P. (1976), Le droit au secret : condition pour pouvoir penser. Un interprète en quête de sens. Paris, Ramsey, 1986, pp. 189 à 238. Cet article paraît pour la première fois dans la Nouvelle Revue de Psychanalyse en automne 1976. Il est récemment publié dans la collection Petite Bibliothèque de Psychanalyse, dirigée par Jacques André et Jean Laplanche (puf), dans l'ouvrage collectif La pensée interdite.


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Peinture : Katya Traboulsi, "Des autres".