Sur l'hallucination négative
(Cette conférence a été donnée lors des Journées Interuniversitaires de Psychiatrie de la Faculté de Médecine de l’Université Saint-Joseph et de la Faculté de Médecine de l’Université Libanaise, sur le thème Délire et Hallucinations, le vendredi 16 mai 2014.)
Hors-là !
J’aimerais soumettre à la réflexion un concept rarement retrouvé dans la clinique, mais retrouvé quand même, comme en témoigne la situation clinique que je vous apporte aujourd’hui.
L’expression Hors-là ! (qui signifie : hors du champ visuel, hors du champ perceptif) condense bien le contenu de ma conférence qui conjugue quelque chose, un objet qui est soustrait au champ visuel, mais en même temps et paradoxalement extrêmement présent de par sa valeur affective ; il peut s’agir d’une simple présence sécuritaire (mère absente sur fond de présence) ou d’une présence lourdement angoissante (quelqu’un qui vous parle de sa grand-mère décédée il y a des années, dont il sent la présence quasi réelle et hallucinatoire pendant la nuit).
Cette expression est inspirée de la nouvelle fantastique Le Horla de Guy de Maupassant [1], dans laquelle le narrateur fait part de son extrême angoisse face à une présence invisible qui le poursuit, boit son lait et sa vie, mange sa nourriture et qu’il finit par soi-disant brûler en incendiant sa propre maison. Dans l’un des passages de cette nouvelle, il est pris d’effroi en constatant l’absence de son image dans le miroir (hallucination négative). Aux prises avec cet être menaçant qu’il essayait d’attirer dans sa chambre pour le piéger, le héros du récit, certain que le Horla était derrière lui, se retourna pour se retrouver devant sa très haute armoire à glace. Je vous cite ce passage :
- « Je me dressai, les mains tendues, en me tournant si vite que je faillis tomber. Et bien ?... on y voyait comme en plein jour, et je ne me vis pas dans ma glace !... Elle était vide, claire profonde, pleine de lumière ! Mon image n’était pas dedans… et j’étais en face, moi ! Je voyais le grand verre limpide de haut en bas. Et je regardais cela avec des yeux affolés ; et je n’osais plus avancer, je n’osais plus faire un mouvement, sentant bien pourtant qu’il était là, mais qu’il m’échapperait encore, lui dont le corps imperceptible avait dévoré mon reflet. »
La notion clinique d’hallucination négative, sur laquelle je reviendrai, se dégage d’un concept beaucoup plus large qui a considérablement enrichi la psychanalyse française ainsi que la psychanalyse dans l’ensemble et qui est le concept du Négatif ; concept très complexe de par la diversité de ses sources et de ses références (philosophique, symbolique, morale, photographique…). Je tenterai de vous l’illustrer schématiquement avant de revenir à notre sujet.
Avant qu’elle ne soit formalisé, l’idée du négatif est née à partir du moment où on a pu dépasser l’idée du « tout conscient » des philosophes (sachant que certains avaient quand même décrit un inconscient avant Freud, comme Eduard von Hartmann et sa Philosophie de l’inconscient – 1869, ou Arthur Shopenhauer qui décrit une notion proche du refoulement freudien). Du moment qu’on a pu admettre que nos pensées et comportements ne sont pas seulement régis par notre raisonnement conscient, mais par une mécanique interne inconsciente qui les détermine et les fait fonctionner, l’idée du négatif était née. À partir de ce moment, ce qui n’est pas perçu, saisi, compris et réfléchi d’emblée a commencé à acquérir plus d’importance pour le psychisme humain, que ce qui est vu, raisonné et pensé.
Premier exemple de négatif, c’est l’idée d’après laquelle une chose inclut ou contient son contraire : dire « bonjour », signifierait en même temps ne pas dire « bonsoir » (négation) ; le « bonsoir » serait inclus et signifié dans le « bonjour » (pensons à l’avers et à l’envers d’une même médaille). Autre exemple qui montre comment les contraires, ou les complémentaires, se renvoient dans le psychisme : en réponse à une question posée à une fillette sur le nom de ses camarades après son premier jour d’école, elle dit spontanément : « Un s’appelle Philippe, un s’appelle pas Philippe ! » ; au niveau symbolique, Philippe doit donc son existence au « pas Philippe », un révélateur qui le soutient en négatif et auquel Philippe est à son tour renvoyé.
Dans la même veine, je donne l’exemple d’un comédien en pleine lune de miel qui, tout content de ses performances, rentre avec sa femme dans une boutique pour s’acheter une boite de cigarettes. Le vendeur de tabac lui tend la boîte sur laquelle se trouve inscrit l’énoncé suivant : « Fumer provoque l’impuissance sexuelle ». L’air contraint et agacé par la sentence qu’il vient de découvrir sur la boite, il rétorque avec irritation : « … Mais n’auriez-vous pas la boite de l’avertissement contre le cancer ? »
Le cancer (comme négatif et révélateur de la situation comique) donne ici tout son sens, avec le trait d’esprit, à l’inquiétude du comédien d’être atteint d’impuissance s’il vient à consommer de la boîte tendue par le marchand de tabac.
L’affirmation d’une chose inclut donc sa négation, son négatif, un négatif qui reste opérant dans le psychisme, et qui renvoie à son tour à la chose elle-même en la faisant exister. Ce que la psychanalyse apporte de spécifique sur le sujet, et là où ça commence à se complexifier, c’est quand l’envers de la chose va tenter de faire retour, bravant censures et obstacles incompatibles avec son surgissement, surtout si cet envers est chassé du conscient en raison de sa valeur économique et conflictuelle par le phénomène actif du refoulement ; pourquoi ? parce qu’il est régi par la pulsion, qui peut être sexuelle ou hostile, destructrice, et qu’il va tendre à faire retour sous des formes diverses : rêves, actes manqués, symptômes.
Aux limites de la représentation
Le négatif est également ce qui se trouve aux limites de la représentation, ce qui est non représentable dans le psychisme et qui peut apparaitre sous des formes « agies », hors représentation, par des actes de décharges à l’extérieur ou à l’intérieur du corps. C’est le cas d’agirs agressifs, auto-agressifs, de somatoses, de réactions psychosomatiques ou de maladies somatiques graves qui risquent parfois de porter atteinte à la vie (voir dans ce site la conférence Quand le trauma s'empare du corps). Le négatif serait l’effet de l’inconscient mais aussi celui de la destructivité.
Par ailleurs, l’originalité d’auteurs comme Green est d’avoir montré « la transformation possible de ces limites de la représentation en contenant, en limites de l’appareil représentatif dans son ensemble, grâce au travail du négatif (F. Duparc, 1996). Ce que Green appelle le travail du négatif, est une condition et un travail intérieur du psychisme, opérant par le biais de mécanismes actifs, comme ce qu’on appelle les mécanismes de défense. À un niveau dynamique, ce sont les défenses mises en place par le psychisme (refoulement, déni, forclusion…) contre une poussée pulsionnelle en relation avec une représentation ou une perception : le psychisme accepte ou refoule, négative une représentation – sexuelle, destructive ; il peut aussi négativer, annuler une perception en rapport avec une représentation traumatique (notre sujet).
Si le négatif définit l’opposé, le complémentaire, le contraire, l’irreprésentable qui serait en lien souterrain avec ce que l’on sait, le travail du négatif serait un processus économique interne qui recherche un équilibre adéquat au psychisme, parfois par le biais du symptôme.
Avant de continuer, quelques mots sur une autre forme de négatif : la clinique du vide, développée par A. Green, sur ce qu’il appelle le complexe de la mère morte (mère physiquement présente, mais absente au niveau psychique pour son enfant) ; mère qui, pour certaines raisons – mort d’un enfant en bas âge, mort d’une personne chère en famille… – va désinvestir l’enfant au niveau affectif. Ici, l’enfant, pour continuer à exister, va s’identifier au phénomène négatif de son enfance, au trou dépressif de la mère. Le sujet qui vient consulter accuse une sorte de dépression « blanche », sans les symptômes dépressifs que l’on connait d’habitude ; la plupart du temps, ce sont des états qui reflètent l’échec d’une vie affective amoureuse et professionnelle, avec une problématique narcissique qui est au premier plan. La clinique montre que cette forme de dépression a été vécue et a eu lieu dans l’enfance, en présence de la mère absorbée par le deuil.
L’intérêt de ce phénomène, est que l’enfant va opérer une identification inconsciente à une mère « morte » psychiquement. Il va s’identifier à un vide, bien que dans l’apparence, la mère va continuer à s’occuper de lui, sachant que « le cœur n’y est pas ». Ce désinvestissement affectif va constituer la souche des relations futures du sujet : relations décevantes, perte de sens et quête d’un sens perdu, déclenchement d’une haine secondaire ou encore et parfois, recherche d’un plaisir sensuel pur, plaisir d’organe, sans tendresse, sans pitié, avec réticence à aimer l’objet.
Dans cet exemple, nous voyons l’importance qu’acquiert pour le sujet un phénomène qui se passe « en négatif » de ce qu’il pourrait percevoir en apparence et qui constitue paradoxalement le noyau de son existence : l’identification à une mère « morte », mais néanmoins identification vitale qui agit comme gardienne de la vie psychique.
Qu’en est-il du concept clinique de l’hallucination négative ?
L’hallucination négative est une hallucination, une altérité dans la perception de la réalité ; ici, la non-perception d’une chose qui pourtant existe dans la réalité (ex. « Je vous perçois, vous existez dans la réalité ; si à un moment donné, je regarde cette salle et que je vois des chaises vides alors que vous les occupez, c’est que je vous hallucine… en négatif »). L’intérêt ici n’est pas la salle vide, mais votre absence de la salle. Il y a un manque qui est ici introduit.
L’hallucination négative est donc « l’effacement actif d’une perception qui conduit le sujet à la négliger, faisant apparaître une lacune dans la réalité, ou une impression plus vague d’irréalité » (F. Duparc, 2002).
Alors que dans l’hallucination ordinaire on peut entendre des voix ou voir des corps inexistants dans le moment présent, dans l’hallucination négative et du fait qu’on ne voit pas une chose, pourtant présente, on serait en train de présentifier un manque : le manque d’un objet ; non au niveau représentationnel (images, pensées refoulées) mais perceptif, hallucinatoire.
Évoluons vers la clinique avec un exemple typique d’hallucination négative
Tina est une jeune femme de 28 ans venue en analyse pour des épisodes d'angoisse ; tachycardie, sueurs froides, peurs irraisonnées, sursaut au moindre bruit (dans les séances, elle sursautait ostensiblement au moindre bruit). Son passé traumatique domine le tableau : maltraitance par un grand-père tyrannique, père absent, écrasé par son propre père, mère toujours alitée pour des troubles hystériformes et toujours assistée par sa fille.
Un souvenir du début de l'adolescence lui revient souvent : dans son village natal où la famille passait l'été, elle se voit monstrueusement agressée par son grand-père, lui cognant la tête contre un arbre devant son père immobile regardant la scène avec impuissance.
Ce même grand-père disait aussi au père, son fils, que la mère de Tina lui appartenait et était considérée comme sa femme, à lui aussi ; une sorte de père de la horde ayant un droit sur tout et sur tout le monde.
J’aimerais vous faire part ici d’un rêve apporté par elle et qui donne la mesure du potentiel traumatique que son appareil psychique tente tant bien que mal de négocier, de réguler avec ses moyens de bord, par ses constructions oniriques :
Un homme effrayant, avec un regard de criminel, vient taper à la porte de sa maison ; elle est seule avec sa mère qui ouvre la porte, puis s’enfuit vers le jardin. L’homme voyant la rêveuse essaie de l’agresser et celle-ci se met à crier en demandant de l’aide. Quand sa mère, alarmée par ses cris, remonte du jardin, l’agresseur se retourne vers elle, brandit un poignard et l’introduit dans sa bouche en le remuant. Le sang commence à gicler et la jeune femme se réveille.
C’est dire la place capitale du noyau traumatique chez la patiente et son lien avec le phénomène symptomatique qui nous intéresse ici.
Avec le tableau d'angoisse et le rêve décrits plus haut, j’en arrive à son symptôme d'hallucination négative en vous décrivant l’une des scènes où il a pu avoir lieu :
Son frère aîné, installé à l’étranger, venait de rentrer de voyage. Accueilli par la famille par un dîner somptueux et s’apprêtant à recevoir les invités, le frère demande à Tina d’aller chercher de la valise entrouverte, un cadeau-surprise qu’il voulait lui offrir. Quelle ne fut pas sa surprise, quand, cherchant parmi les habits, elle se retrouve en train de saisir un serpent en latex qu’il avait subtilement enfoui dans son bagage.
La réaction ne se fit pas attendre : saisie d’effroi, elle pousse un cri strident et lâche le serpent. En même temps, elle s’effondre par terre après avoir constaté l’absence de ses jambes ! Elle ne les voyait plus et ne pouvait donc plus se tenir debout. Quelques minutes après, entourée de sa famille qui essayait de lui venir en aide, les jambes réapparaissaient à sa perception, ce qui lui permet de se relever.
La négation ici, aurait touché la perception d’une partie de son corps, et non une représentation d’une partie de son corps, comme ce qui se passe dans le mécanisme du refoulement ; une hallucination négative que nous allons tenter de comprendre à la lumière de l’effet traumatique que réveille la perception, du débordement de l’excitation liée à une représentation inconsciente et de la rencontre entre perception actuelle et représentation refoulée qui fait retour, rencontre qui produit une sorte de court-circuit perceptif.
Pour Green, « le système Cs, autrement dénommé P (perception), peut être investi de l’intérieur et non pas, comme normalement, de l’extérieur seulement. […] ». L’intensité de la représentation occupe « le terrain de la conscience [et fait] en sorte que réalité interne et réalité externe cessent d’être distinctes. Ou plus exactement, que la réalité interne réussisse à passer pour la réalité extérieure » (A. Green, 1993).
En raison de l’intensité effractive de la représentation inconsciente vers la perception, c’est la perception qui s’efface, faute d’effacer (de refouler) la représentation.
Le mécanisme en action pourrait être décrit comme suit :
Une représentation inconsciente traumatisante cherche à devenir consciente (dans notre cas, elle a été appelée par la vue du serpent en latex) ; normalement, la représentation se trouve empêchée par la barrière du système Cs/Perception et reste donc refoulée. Mais sous la pression, cette barrière cède et la place de la perception rejetée (serpent) laisse l’espace vacant. Dans cet espace, viendra se loger la représentation refoulée (castration, abus sexuel…) : elle se parera des attributs de la perception. Elle ne prendra pas la forme d’une perception positive, mais « la forme que prend en ce cas la dénégation qui « blanchit » ce qui se présente à l’esprit […] un arrachement au perçu ».
Quand le résultat devient quantitativement effracteur et qu’il n’y a plus de fuite possible, la seule manière de se défendre contre la représentation inconsciente qui fait retour, serait d’annuler la perception : c’est l’hallucination négative. Je ne vois plus l’objet ; il reste halluciné, mais négativement. L’hallucination négative est le processus par lequel le moi peut interrompre ses relations à la réalité.
Sur le mécanisme de l’hallucination négative, A. Green invoque l’idée d’une collision entre la perception externe et une représentation interne inconsciente et fortement investie (saturée en affect) : « comme deux trains lancés à toute vitesse sur les même rails allant au devant l’un de l’autre ».
Je note que la représentation inconsciente qui est réveillée par la perception actuelle, est généralement liée à ce Freud appelle un fantasme originaire, qui peut être un fantasme de castration, de scène primitive, un fantasme incestueux, ou autre.
Mais ce qui semble intéressant dans cette situation clinique est que ce n’est pas le serpent qui disparait comme perception (du moins, la patiente le fait disparaitre par un déni : elle n’en veut rien savoir), mais ses propres jambes, qui sont dans ce cas dans une relation métonymique inconsciente avec ce qu’elle a vu : la castration perceptive de ses jambes ; une partie de son propre corps disparait, avec une atteinte à son intégrité corporelle. Ici, elle nous donne à voir le lien entre la perception du serpent et une partie de son corps. Mais au lieu de perdre seulement la fonctionnalité de cette partie, comme c’est le cas dans la conversion hystérique ordinaire où il s’agit de la négativation d’une fonction, c’est aussi et surtout la perception qui est négativée : les jambes disparaissent perceptivement.
Avant de conclure, je m’arrête sur une idée qui peut être sujet à débat, qui m’interpelle, qui probablement intrigue certains d’entre nous dans le traitement de ce genre d’hallucinations, ou même des hallucinations ordinaires qui ont lieu à un moment précis d’un processus analytique et qui ont une valeur précieuse pour la subjectivation, dans le fil du processus thérapeutique… (subjectivation dans le sens de l’appropriation de soi-même, de son histoire, par le symptôme de l’hallucination).
Devrait-on juguler, agir sur ces hallucinations par une médication par exemple ? Le cadre psychiatrique de ces deux journées me porte à m’y interroger avec vous.
Je tends à penser que, à condition que l’angoisse qui accompagne l’hallucination ne soit pas débordante au point de provoquer un passage à l’acte auto ou hétéro-agressif, la médication dans ce genre de phénomènes n’est pas nécessairement inévitable.
Je pense à des patients qui sont en proie à des phénomènes de dépersonnalisation passagère et de dysmorphophobie en plein travail analytique. Je crois que « l’inoffensive psychose » que Freud évoque en parlant du rêve en 1932 (S. Freud, 1932) [2], vaut aussi bien pour certaines hallucinations ou hallucinations négatives. « Inoffensives » car leur lien avec l’angoisse est pratiquement négocié, intégré tant bien que mal au « système analytique » du processus de la cure et au moment de régression transférentielle en cours dans la marche de l’analyse.
Pour conclure
À quoi cela nous sert-il d’inclure le concept théorico-clinique du négatif dans notre pratique ? L’on pourrait rétorquer que « ça va… nous pratiquons bien sans… » Pourquoi donc l’y inclure ?
Parce que cela nous sort d’un esprit « positiviste » dans lequel un symptôme serait un phénomène à faire disparaitre coûte que coûte. Je serais d’accord avec cette vision des choses, dans la mesure où le symptôme (hallucination, délire, somatose...), crée par l’appareil psychisme ou dépassant celui-ci, commence à menacer la vie. Autrement, si l’on arrive à intégrer le symptôme – qui est une solution temporaire gardienne de la vie psychique – dans le fil du processus et de l’histoire, il pourrait être résolu de lui-même, dans le cadre du projet thérapeutique mis en place.
Notes
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1. A. Green avait mentionné cette nouvelle dans l’un des chapitres de son ouvrage, Le travail du négatif. ↩
2. "L'inoffensive psychose du rêve est un renoncement momentané, consciemment voulu, au monde extérieur ; elle disparaît dès que les relations avec ce dernier sont renouées. Pendant cet isolement, une modification se produit dans la répartition de l'énergie psychique du dormeur. Une partie de la dépense en refoulement peut être évitée, celle qui est, en général, utilisée à refréner l'inconscient, car lorsque ce dernier cherche à mettre à profit sa relative liberté, il trouve la voie de la motilité fermée et est obligé de se contenter d'une satisfaction hallucinatoire" (S. Freud, 1932).↩
Références bibliographiques
Duparc F. (1996), André Green, PUF, Psychanalystes d'aujourd'hui, Paris.
Duparc F. (2002), Hallucination négative, Dictionnaire international de la psychanalyse, sous la direction de Alain de Mijolla, Calmann Lévy, Paris.
Freud S. (1933 a [1932]), Révision de la science du rêve, Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse, trad. fr. M. R. Zeitlin, Paris, Gallimard, 1984 ; OCF.P, XIX, 1995 ; GW, XV.
Green A. (1993), Le travail du négatif, Éd. De minuit, Paris.
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Illustration de la nouvelle de Maupassant Le Horla. Gravure sur bois de Gorges Lemoine d'après un dessin de William Julian-Damazy (1865-1910).