State of Mind
(Présentation de film)
Ce film est une comédie noire basée sur une vraie histoire qui traite de la controverse sur les traitements inhumains appliqués dans les hôpitaux psychiatriques dans les années 1950.
Le psychiatre Allen Stone s’obstine, à contre-courant, à prouver dans son travail de recherche qu’il serait possible de traiter la schizophrénie paranoïde par des moyens moins archaïques. Il propose d’isoler trois patients atteints d’un délire mystique dans un bâtiment et de les soumettre à un protocole différent que celui qui était suivi avec les autres schizophrènes. Il sera heurté à une forte résistance de la part du psychiatre en charge de l’hôpital.
Tout en admettant la difficulté de travailler avec les schizophrènes de type paranoïde, il exprime sa volonté de « les aider », en « écoutant » ce qu’il y a derrière leur délire pour les faire sortir de leur solitude. Dans une scène assez émouvante à la fin du film, Allen Stone s’adresse au psychiatre en lui disant : « Notre travail consiste à interpréter et comprendre les patients. » Les débats qui se déroulent dans le film reflètent le conflit éternel entre la psychanalyse et la psychiatrie.
Cette controverse des années 1950 est toujours d’actualité, entre l’observation et l’écoute, piliers essentiels du travail analytique, et la sédation chimique dans le domaine psychiatrique. Les traitements de choc sont toujours utilisés, moins fréquemment, le coma à l’insuline est remplacé par d’autres médicaments sédatifs.
Ce qui est traité dans ce film est l’automaticité et l’abus dans la prescription des médicaments et des traitements de choc. Les trois patients traités ne présentant pas de risque d’agression ni contre les autres ni contre eux-mêmes, ce sont les cris, les crises et les délires qui seraient interdits ou insupportables. D’ailleurs le psychologue explique à son assistante avant de l’embaucher combien c’est dur d’assister à un délire ; les psychotiques peuvent vous sentir, dit-il, et atteindre les angoisses les plus archaïques en vous. Il ajoute que leur néologisme cache un sens latent et que le risque d’être séduit et entrainé dans leur monde n’est pas à négliger. Dans ce sens, Freud avait exprimé son inconfort à être regardé dans les yeux pendant huit heures par jour par les patients.
Ceci nous pousse à réfléchir sur les raisons pour lesquelles les psychiatres ont tendance à infliger les médicaments après avoir identifié les symptômes sans montrer d’intérêt à en déceler le sens. Faire taire les symptômes de manière automatique par des médicaments sédatifs et des traitements de chocs protègerait alors l’interlocuteur (psychiatre ou psychothérapeute) de l’intensité de l’angoisse projetée.
D’autre part, en admettant que le travail de recherche représente une importance primordiale dans l’évolution de toute science, on se demande si l’intérêt de la recherche dans le monde de la psychiatrie ne serait pas en train de primer sur la connaissance du patient par lui-même.
Alors que la psychiatrie – ici institutionnelle – continue à catégoriser les patients selon les pathologies et les structures de la personnalité en cherchant à éliminer les symptômes, la psychanalyse parle plutôt d’un fonctionnement psychique régi par une dynamique et une économie internes trouvant solution par le symptôme, et essaie de trouver le sens du symptôme dans le cadre d’un suivi pluridisciplinaire. Si la psychiatrie a comme méthode de prédilection la contention chimique, c’est la contenance psychique qui préoccupe le monde analytique.
La psychanalyse s’intéresse à écouter et comprendre chaque discours, à chercher l’association dans la dissociation.
State of mind, un film qui pourrait nous faire penser au classique Vol au-dessus d’un nid de coucou de Miloš Forman, avec Jack Nicholson comme acteur principal.
Réalisateur : Jon Avnet
Histoire de : Milton Rokeach
Scénario : Jon Avnet ; Eric Nazarian
Avec : Richard Gere ; Peter Dinklage ; Walton Goggins ; Bradley Whitford
Charlotte Espoir ; Kevin Pollak ; Julianna Margulies.